La récente inauguration de notre tiers-lieu WIKIVILLAGE, un projet immobilier innovant porté par ETIC – Foncièrement Responsable, a été marquée par une table ronde exceptionnelle intitulée « Femmes d’Impact ». Ce moment fort a mis en lumière un phénomène aussi rare que remarquable dans le secteur de l’immobilier : la présence massive de femmes aux postes clés de ce projet ambitieux.

Une signature historique
Le 23 juillet 2021, lors de la signature officielle du projet, un constat s’impose : sur treize intervenant∙es, douze sont des femmes. Cette proportion inhabituelle dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes méritait d’être soulignée et célébrée. La table ronde, animée par Athina Zaag Marmorat, fondatrice de l’association Rêv’Elles qui œuvre pour l’émancipation des femmes des quartiers populaires, a réuni les principales actrices de cette aventure humaine et professionnelle.
Autour de la table : Cécile Galoselva (Fondatrice et Présidente d’ETIC), Corinne Bertone (Directrice du Fonds de co-investissement ANRU), Géraldine Odouard (Directrice Adjointe à la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes), Neslihan Gabriel-Denizkurdu (Avocate associée du cabinet Fairway) et Isabelle Mergey (Notaire associée chez Victoires Notaires Associés). Chacune a apporté son témoignage sur cette aventure collective.
Un projet complexe mené à bien
La complexité du projet WIKIVILLAGE a été au cœur des discussions. Situé en zone urbaine dense, ce tiers-lieu a dû surmonter de nombreux obstacles : un foncier grevé de servitudes, des négociations contractuelles particulièrement longues, la coordination de multiples parties prenantes (investisseur∙euses privé∙es, institutions publiques, banques) et, pour couronner le tout, une pandémie mondiale qui a bouleversé les méthodes de travail et remis en question le financement de projets immobiliers.
Le contrat de promotion immobilière (CPI) a notamment été évoqué comme l’un des plus complexes à négocier, avec des clauses atypiques comme celles concernant l’insertion sociale. La gestion des flux financiers, coordonnée par les notaires, a également nécessité une rigueur et une attention particulières jusqu’au dernier moment.

La résilience comme fil conducteur
Si un mot devait résumer cette aventure, ce serait « résilience ». Face aux multiples défis, notamment le désistement de dernière minute d’un partenaire financier juste avant la crise du Covid, l’équipe a su rebondir et trouver des solutions alternatives.
Corinne Bertone a partagé le souvenir de ces « vendredis soir » de négociations intenses avec ses collaborateur∙rices, où il fallait concilier les exigences de l’État (utilisation équilibrée des fonds publics) avec celles d’un projet d’économie sociale et solidaire. Isabelle Mergey, la notaire, a été saluée pour son rôle de « cheffe d’orchestre » imperturbable le jour de la signature, menant à bien une procédure complexe de cinq heures dans une ambiance fébrile.
Les clés du succès
Interrogées sur les ingrédients de leur réussite collective, les intervenantes ont cité : la volonté de faire, l’absence d’ego surdimensionné, la ténacité, la bienveillance, le partage des valeurs, la persévérance et la conscience de servir un projet d’intérêt général.
La dimension consensuelle du projet a également été soulignée par Cécile Galoselva, qui a fait le parallèle avec son expérience professionnelle en Angleterre : « J’ai vraiment eu cette impression de retrouver cette idée de consensus où les gens ont mis leur ego de côté, leurs conventions de côté pour aboutir à un projet hors du commun. »
Briser le plafond de verre
Au-delà du projet lui-même, la table ronde a abordé la question de la place des femmes dans le secteur de l’immobilier. Selon une étude récente de l’Observatoire de l’immobilier, les comités de direction comptent en moyenne 3 femmes pour 5,5 hommes, et 26% des entreprises n’ont aucune femme dans leurs instances dirigeantes.
Cécile Galoselva, issue des quartiers populaires de Lyon, a souligné l’importance des rôles modèles :
« Je n’avais aucun exemple autour de moi de femmes qui entreprenaient, de femmes dans l’immobilier, de femmes dans la finance. Pour faire des projets ambitieux, il faut une certaine dose d’audace et de confiance en soi, mais il faut aussi pouvoir l’imaginer. »
Neslihan Gabriel-Denizkurdu, venue de Turquie pour faire ses études en France, a lancé un message d’espoir :
« Si je suis là, tout le monde peut y arriver. »
Les autres participantes ont encouragé les jeunes femmes à oser, à avoir confiance en elles, à poursuivre leurs passions et à ne pas hésiter à foncer.
Un avenir prometteur
Si la prédominance féminine dans ce projet majeur reste encore une exception, les participantes se sont montrées optimistes pour l’avenir. Le secteur de l’immobilier évolue, tout comme la finance, avec une présence croissante de femmes à des postes à responsabilité.
Comme l’a fait remarquer Corinne Bertone avec humour :
« On a l’habitude de dire que derrière un grand homme, il y a toujours une femme. Moi, j’ai envie de vous dire que derrière moi, il y a deux hommes au bureau. C’est un début d’égalité quand on peut commencer à inverser ce genre de proposition. »
Cette table ronde « Femmes d’Impact » a ainsi non seulement mis en lumière les défis surmontés dans la réalisation du projet immobilier et écoresponsable WIKIVILLAGE, mais a également offert un témoignage inspirant de ce que les femmes peuvent accomplir dans un secteur encore largement dominé par les hommes.
Une aventure humaine riche qui, espérons-le, ouvrira la voie à davantage de projets portés par des femmes d’impact.